mardi 18 décembre 2012

18 décembre 2012, Fête reconnaissance 17 0ctobre 1961..

Ce soir c'est la fête ! ... la fête de la reconnaissance du 17 0ctobre 1961 et de la fraternité franco-algérienne, au Cabaret Sauvage du Parc de la Villette, organisée par Au nom de la Mémoire et Médiapart. Autant dire que c'est d'abord un rendez-vous militant, et que le but n'est pas d'encenser François Hollande ! Son geste symbolique de reconnaissance sous forme de communiqué minimaliste de l'Elysée est symboliquement important, mais il reste beaucoup à faire: donner l'accès à toutes les archives, et reconnaître l'ensemble des crimes coloniaux en Algérie de 1830 à 1962. C'est Olivier Lecour-Grandmaison, qui n'est pas là ce soir, qui résume le mieux le sentiment général dans sa tribune. François Hollande doit être en Algérie le lendemain, et, c'est le moment de lui faire passer le message. 800 personnes sont dans la salle. La mobilisation est toujours là, 51 ans après les faits. La peur de déplaire à l'armée française et la police française du Parti Socialiste m'impressionne: mais quel est donc le cercle vicieux qui les tient tous ? Chaque génération qui arrive, qui découvre les institutions dans un état donné, ne peut comprendre les horreurs du passé. Les crimes eux-mêmes mais aussi l'horreur du silence, du déni, l'obstruction de la justice, la répression des victimes, sont inconcevables au présent parce qu'il y a déjà eu des progrès et que ces progrès font considérer comme inadmissible des faits et méthodes qui furent auparavant admis par obligation. La salle écoute avec attention le récit de 50 ans de luttes, de rapport de force. Jusqu'en 1981, Maurice Papon était toujours ministre. Le crime des algérien-ne-s assassinés par la police parisienne le 17 octobre 61 est un crime d'état, contre l'humanité, qui sera reconnu comme tel, imprescriptible, et ne peut conduire un jour ou l'autre qu'à la vérité entière, incluant la vérité sur les actes de ceux et celles qui firent obstruction à la vérité et la justice. Mais qui veut la vérité ?
Les intervenant-e-s se succèdent à la tribune, en alternance avec les intermèdes musicaux: un groupe de femmes dont je n'ai pas le nom, Elnour, Idir, Serge Guérin, Frédo des Ogres de Barback et Akli D, HK et les déserteurs. Le premier panel que j'entends regroupe Jean-Luc Einaudi et Didier Daeninckx, entre les 2 modérateurs de la soirée, Mehdi Lalloui et Edwy Plenel. L'historique du combat est rappelé, il s'est accéléré avec le travail de Jean-Luc Einaudi, l'historien, et Didier Daeninckx, l'écrivain d'Aubervilliers. Mon voisin raconte l'histoire de la fille de 15 ans dont le corps a été retrouvé dans le canal St-Denis, dans une des écluses d'Aubervilliers. Pour moi, c'est essentiel d'écouter ce témoignage, de cet homme que je croise souvent dans la rue, signe du lien étroit entre littérature, écriture et engagement politique, en rapport avec un espace physique. Un autre panel rassemble les partis politiques: Europe Ecologie les Verts, et le Parti de Gauche, et des membres du PS très impliqués. Le PS apparaît très divisé sur le colonialisme et le néocolonialisme: en silence, réformateurs et conservateurs continuent de s'affronter, et le rôle des associations et militant-e-s est sans doute de faire bouger la frontière pour essayer de faire basculer le parti dans la modernité et le respect des droits humains.
Parmi les discours, je remarque celui très offensif de la seule femme qui intervienne, au nom d'une association pour les femmes en Algérie. Elle dénonce le code de la famille, qui fait des femmes algériennes des "mineures", l'instrumentalisation de l'islam pour des visées politiques, les autocrates, les intégristes "modérés" qui appliqueraient "modérément" les mêmes discriminations, et pourraient ainsi être bien vus à l'étranger.
 Idir est là aussi. C'est extrêmement beau. Quand il lève les bras, c'est juste pour les youyous.
A la fin, HK et les déserteurs commencent par la chanson de Boris Vian, et enchaînent ensuite des classiques de la chanson française, pour finir sur le très fameux "On lâche rien" dont je ne me lasse jamais.

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