mardi 13 septembre 2016

13 septembre 2016, Paris : Cameroun, en route vers l'inconnu en 2018

Alors que tout le monde a les yeux tournés vers le Gabon, la fondation Gabriel Péri organise au siège du PCF une rencontre intitulée 'Vers une alternance pacifique au Cameroun à la présidentielle de 2018?' avec une table-ronde de quelques partis politiques d’opposition composée de Hervé Ewotti, Coordonnateur en France du Cameroon People's Party (CPP) (à gauche), Augusta Epanya, membre de la direction en France de l’Union des Populations du Cameroun (UPC) dit des fidèles (à droite), Marianne Simon Ekane, du Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie (Manidem), et Peter Mbafor, conseiller du président du Social Democratic Front (SDF) de Ni John Fru Ndi. 
A aucun moment, le débat ne décolle. La représente du Manidem, qui pense qu'il faut faire tomber Paul Biya dans la rue, insulte gaillardement le peuple gabonais alors que celui-ci essaye de se libérer de la dictature... Celui du SDF s'emmêle les pinceaux dans une polémique sur les journalistes et une rumeur sur Boko Haram. Sans que cela n'ait de rapport avec le débat, il se met aussi à raconter une mystérieuse histoire de Françafrique entre Marafa Hamidou Yaya, actuellement emprisonné, Nicolas Sarkozy, Paul Biya, et Vincent Bolloré, dont je ne sais que penser. Difficile, sur ses bases d'avancer. Je préfère ne pas prendre la parole.
Le CPP et l’UPC, entre autres, se sont regroupés dans "Debout pour le Cameroun / Stand up for Cameroun" pour organiser des Vendredi noirs, avec la société civile. Un des objectifs est de lutter contre une nouvelle modification de la constitution et un déplacement de la présidentielle de 2018 à 2017.
Le Tchad était auparavant la dictature la plus violente parmi celles des ex-colonies françaises, devant le Congo Brazzaville et le Cameroun. Actuellement, après les coups d’Etat électoraux de mars et avril, la violence apparaît maintenant maximale au Congo B, puis au Cameroun, puis au Tchad et à Djibouti. Aucune des conditions préalables nécessaires au démarrage d’un processus électoral n’est présente au Cameroun. Pour l’instant, les conditions sont celles de la préparation d’une mascarade totale comme en Guinée Equatoriale. Les opposants n’obtiendront pas les conditions pour rivaliser dans le vote avec le pouvoir et Paul Biya n’aura pas besoin d’inverser le résultat (de faire un coup d’Etat électoral), puisqu’il se sera assuré une victoire en amont du processus.
Peut-être que ce débat n'était que le début d'une discussion... s'il reste un an ou deux. L'impression est évidemment que l'élection de 2018 en soi ne permettra pas d'aller vers une libération de la dictature. Depuis la salle, Raimundo Ela Nsang, opposant à la dictature en Guinée Equatoriale, remarque que "le déblocage des pays se fera ensemble", et que si la crise au Gabon n'est pas résolue, après la série des deniers coups d'Etat électoraux de 2016, alors "on peut oublier le Cameroun". On attend des législatives au Tchad et au Congo Brazzaville, peut-être en 2017. Le processus de la présidentielle en RDC changera aussi les choses. Seul, le Cameroun semble définitivement prisonnier de son tyran sanguinaire, est-ce qu'un mouvement plus général en Afrique centrale arrivera un jour à fournir une énergie supplémentaire pour une mobilisation et une résistance au Cameroun ?
Régis Marzin, Paris, écrit et publié le 19.9.16

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