samedi 25 mars 2017

25 mars 2017, Paris : Gabon, 200ème jour de lutte

Ce 25 mars à Paris, pour son 200eme jour de lutte depuis le coup d’Etat électoral, la diaspora gabonaise organise une manifestation « 200 jours de la résistance » entre Trocadéro et l’ambassade du Gabon.
En tête de manifestation, se reconnaît le leader de la société civile, Georges Mpaga, de passage à Paris, qui sera quelques jours après, le 29 mars, à Bruxelles pour rencontrer l’Union européenne. Le 2 février, le Parlement européen avait adopté une résolution contre les auteurs du coup d’état électoral. Le 28 mars, le porte-parole de l’Ue a rappelé sa position ferme : dialogue inclusif, suivi des « recommandations faites par sa Mission d'observation électorale, enquête indépendante sur les allégations de violations des droits humains, dialogue politique intensifié avec l'UE, dans le respect de l'accord de Cotonou ».
Le 24 mars, Jean-Marc Ayrault a accepté de rencontrer Emmanuel Issoze Ngondet, Premier ministre post-coup d’Etat électoral, venu promouvoir le dialogue factice démarrant le 27 mars à Libreville. Le compte-rendu du ministère indique « M. Jean-Marc Ayrault a exprimé l'espoir que le dialogue se tienne entre les principales forces politiques du pays et qu'il débouche sur des réformes structurelles et des échéances bien identifiées. La préparation des prochaines élections législatives est une opportunité pour que les différentes sensibilités politiques prennent des engagements en faveur de la démocratie et l'État de droit au Gabon. Une facilitation internationale pourrait utilement être mobilisée. MM. Ayrault et Issoze Ngondet ont également évoqué les relations entre le Gabon et l'Union européenne et la situation économique et sociale au Gabon. »
Depuis qu’il est ministre des affaires étrangères, jamais Jean-Marc Ayrault n’avait affiché une position si proche d’un soutien d’une dictature, dans le sillage de son prédécesseur Laurent Fabius ou de Manuel Valls, l’admirateur de Faure Gnassingbé. Emmanuel Issoze Ngondet venait par ailleurs démarcher les entreprises. Cette position du ministre français peut être a priori interprétée comme un sabotage de la position européenne. A partir du moment où les démocrates gabonais ont rejeté le faux dialogue, arguer de la possibilité de faire avancer un processus de démocratisation arrêté par un coup d’Etat électoral travers des législatives, signifie apparemment soutenir le dictateur. Le Gabon n’est pas le Tchad, et c’est au Tchad que l’opposition victime d’un autre coup d’Etat électoral veut aller aux législatives après un dialogue inclusif. Si on lui accorde le bénéfice du doute, Jean-Marc Ayrault pourrait avoir confondu Ndjamena et Libreville, Saleh Kebzabo et Jean Ping. S’opposer à ou soutenir la stratégie des démocrates dans un pays signifie quelque chose.
Le premier ministre « putschiste », comme disent les gabonais, a réussi également à se faire voir à En marche ! en rencontrant l’ex-ministre de droite Jean-Paul Delevoye, qui préside la commission d’investiture des législatives du mouvement En marche !, un poste stratégique. Est-ce de nouveau la maudite Françafrique qui se prépare à redémarrer contre vents et marées, discrètement camouflée derrière le vote utile anti-FN et anti-républicains ?
A un certain niveau de nullité des dirigeants français, ils se décrédibilisent totalement et Bruxelles continue d’aspirer les responsabilités. Pour se faire entendre à Bruxelles, il faut mieux éviter de parler la langue de bois françafricaine. Jean Ping reste confiant et affirme le 31 mars que « la communauté internationale demande que la situation revienne à la normale ».
La diaspora gabonaise a su restée mobilisée depuis maintenant 7 mois, sur internet comme dans la rue, elle fait feu de tout bois, manifestant pour réclamer son rapport sur l’élection à l’OIF ou empêcher le Médef de reprendre les affaires. Pendant la manifestation, des orateurs de passage du Gabon soulignent l’importance de ce soutien extérieur.
Régis Marzin, article écrit et publié le 4 avril 2017

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