jeudi 2 novembre 2017

2 novembre 2017, Montreuil, histoire du nucléaire : projection sur Plogoff en 1980

Depuis mon enfance, le mot Plogoff sonne comme un mot magique, synonyme de rébellion de jeunes adultes en butte à l’inertie et à l’auto-censure de la génération de leurs parents. Il sonne comme René Vautier, comme marée noire, comme pétrole à la plage, comme « boutou coat » dans les fest-noz, comme une projection d’un film sur Lankou au village. Il sonne authentique et mystérieux, depuis cette période un peu oubliée maintenant.
Là-bas, on ne parlait pas beaucoup des conflits, on préférait la solidarité dans l’unité. Je l’ai su plus tard : Plogoff, c’était, la solidarité dans l’unité, entre jeunes, vieux, hommes, femmes, militaires retraités, paysans, curés, villageois, citadins, … Cependant un peu plus loin, en 1980, c’était de nouveau la solidarité et unité dans la cécité et le respect des institutions. Cette censure typique de certains coins de Bretagne a créé chez moi une frustration.
Je connaissais déjà le film « Plogoff, des pierres contre des fusils » de Nicole et Félix Le Garrec. Je l’avais projeté au Festival des résistances et des alternatives de Paris, au-dessus d’un concert de punk qui avait chaotiquement doublé la bande-son pour mon plus grand plaisir. Il y avait là, de ma part, un peu d’humour post-moderne sur la violence et sa vanité, je l’avoue enfin.
« Le dossier Plogoff », réalisé par François Jacquemain en 1980 (Ciné Informations - Synaps Collectif audiovisuel – ISKRA) est un autre film que je n’avais jamais vu. Il vient d’être restauré. Je me suis précipité à la Parole Errante, après avoir vu l’annonce de Sortir du nucléaire. Je tombais sur une soirée de soutien aux inculpé-e-s de l’affaire Tarnac. S’il n’était pas mort au printemps, il y aurait eu là Jean-Pierre. Tarnac : quelle affaire ! C’est en tout cas moins drôle qu’un concert de punk déjanté dans un squat d’intermittents. Jean-Pierre adorait les actions de rue humoristiques écolo-libertaires.
L’histoire de Plogoff est plus l’histoire d’un délire scientiste des années 70 qui dégénérait. C’était tellement absurde à la base, de mettre une centrale nucléaire à la pointe d’un continent. Cela symbolisait la puissance mégalomaniaque des humains dominant la nature, la terre et l’océan. Quelque part, même sans la résistance des habitant-e-s, il y avait quelque chose qui clochait. A l’heure du combat planétaire pour sauver le climat, cela paraît bien lointain. Il reste les sous-marins nucléaires juste à côté, maintenant.
Il y a là des amies, on discute, et soudain sortent eux-elles aussi du passé, d’autres ami-e-s, qui avaient un peu disparu-e-s…
Régis Marzin
Article écrit et publié le 14 novembre 2017

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